Méthodes d'évaluation d'un fonds de commerce : CA vs EBE, quelle approche choisir ?

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Le 10 octobre 2025
Méthodes d'évaluation d'un fonds de commerce : CA vs EBE, quelle approche choisir ?

Saviez-vous qu'une erreur d'évaluation de 20% sur un fonds de commerce peut représenter plusieurs dizaines de milliers d'euros de différence lors de la négociation ? Face à cette réalité, vendeurs et acquéreurs se retrouvent souvent démunis pour déterminer la juste valeur d'un fonds, hésitant entre les différentes méthodes disponibles. Cette problématique cruciale nécessite une expertise pointue pour éviter les écueils d'une sous-évaluation qui pénaliserait le vendeur ou d'une surévaluation qui compromettrait le financement bancaire. Fort de plus de 60 ans d'expérience à Lille, l'Agence Commerciale BORDEYNE MARCHAND MARTINOT (B2M) accompagne ses clients dans cette démarche complexe en adaptant l'approche d'évaluation au contexte spécifique de chaque fonds.

Méthode de l'EBE : privilégier systématiquement cette approche pour les dossiers bancaires avec application de coefficients sectoriels spécifiques (6,1 pour les pharmacies, 5 pour les tabacs selon les données 2023)
Ajustements obligatoires : appliquer une décote de 20% pour les fonds dépassant 2 millions d'euros de CA et de 5 à 15% supplémentaires si le matériel nécessite un renouvellement
Retraitements de l'EBE : éliminer impérativement les produits exceptionnels (subventions ponctuelles, indemnités d'assurance) et réintégrer la rémunération complète du dirigeant
Validation juridique : s'appuyer sur l'article L.145-14 du Code de commerce comme référence légale en cas de contentieux sur l'évaluation

La méthode du chiffre d'affaires : entre simplicité et limites intrinsèques

L'évaluation d'un fonds de commerce par le chiffre d'affaires reste l'approche la plus répandue grâce à sa simplicité de mise en œuvre. Cette méthode consiste à appliquer un coefficient multiplicateur, généralement compris entre 1 et 3, au CA annuel moyen hors taxes des trois dernières années. Son principal atout réside dans l'accessibilité immédiate des données nécessaires : les chiffres d'affaires figurent systématiquement dans les documents comptables et peuvent être vérifiés facilement.

Cette approche présente néanmoins des limites significatives qui peuvent fausser l'évaluation. Elle ignore totalement la rentabilité réelle de l'exploitation, ne prend pas en compte la qualité de l'emplacement commercial et fait abstraction des charges fixes spécifiques à chaque activité. Un restaurant générant 500 000 euros de CA mais situé dans une zone peu passante avec des charges élevées sera ainsi surévalué par rapport à un établissement de même chiffre d'affaires bénéficiant d'un excellent emplacement et de charges maîtrisées. De plus, pour les fonds générant un CA supérieur à 2 millions d'euros, une réduction systématique de 20% des coefficients standards doit être appliquée pour tenir compte des économies d'échelle limitées au-delà de ce seuil.

À noter : L'état du matériel et des équipements peut justifier une décote supplémentaire de 5 à 15% de la valorisation finale. Un diagnostic préalable des installations s'avère indispensable, particulièrement pour les activités nécessitant des équipements coûteux (restauration, boulangerie, pressing). Les travaux de mise aux normes, notamment en matière d'accessibilité PMR ou de sécurité incendie, doivent être chiffrés et déduits de l'évaluation globale.

L'excédent brut d'exploitation : une approche précise de la rentabilité

La méthode de valorisation par l'excédent brut d'exploitation offre une vision beaucoup plus fidèle de la valeur réelle d'un fonds. Elle consiste à appliquer un coefficient multiplicateur, variant de 3 à 8 selon les secteurs, à l'EBE moyen retraité. Cette approche reflète la rentabilité d'exploitation effective et constitue un indicateur de référence pour les établissements bancaires lors de l'analyse des dossiers de financement. Le calcul précis de l'EBE s'établit selon la formule : EBE = Chiffre d'affaires HT - Charges d'exploitation + Subventions d'exploitation, ou alternativement EBE = Valeur Ajoutée + Subventions d'exploitation - Impôts/taxes - Charges de personnel, cette double méthode permettant une vérification croisée des résultats.

Le calcul de l'EBE retraité nécessite des ajustements méthodiques pour neutraliser les éléments non récurrents. La rémunération du dirigeant doit être systématiquement réintégrée, incluant salaires bruts, charges sociales et dividendes éventuels. Les loyers anormalement bas, notamment lorsque le local appartient au dirigeant, doivent être corrigés selon les prix du marché. Les produits exceptionnels (subventions ponctuelles, indemnités d'assurance, gains de cession) doivent impérativement être soustraits de l'EBE pour ne conserver que les éléments récurrents de l'exploitation. Ces retraitements garantissent une évaluation objective du cash-flow réellement généré par l'activité.

Exemple concret : Un salon de coiffure lillois réalise un CA de 180 000€ HT avec un EBE comptable de 45 000€. Après retraitement (réintégration du salaire du dirigeant de 30 000€, déduction d'une indemnité d'assurance exceptionnelle de 8 000€), l'EBE retraité s'établit à 67 000€. Avec un coefficient sectoriel de 3, la valorisation par l'EBE atteint 201 000€, contre seulement 108 000€ par la méthode du CA (60% du CA HT), illustrant l'écart significatif entre les deux approches.

Les coefficients sectoriels : une grille de lecture indispensable

Chaque secteur d'activité possède ses propres coefficients d'évaluation, fruit de l'observation des transactions réelles et des usages professionnels. Les activités réglementées comme les pharmacies bénéficient de coefficients EBE élevés (selon les données 2023, les pharmacies se valorisent à 76% du CA HT avec un multiplicateur d'EBE de 6,1 en moyenne nationale), reflétant leur stabilité et leur goodwill important. Les bureaux de tabac, protégés par leur monopole, se valorisent autour de 5 fois l'EBE, tandis que les commerces standards oscillent généralement autour d'un coefficient de 3.

Applications sectorielles et nuances géographiques de l'évaluation

La méthode de valorisation optimale varie considérablement selon les secteurs d'activité. La restauration privilégie traditionnellement l'approche par le CA, avec des coefficients allant de 50 à 120% du chiffre d'affaires hors taxes selon l'emplacement et le type d'établissement. Un restaurant gastronomique en centre-ville atteindra facilement 100 à 120% de son CA, tandis qu'une brasserie de quartier se situera plutôt entre 50 et 70%. La restauration rapide présente une fourchette spécifique de 30 à 80% du CA HT, avec une moyenne de 60% variant selon l'emplacement et la taille de la ville.

Les boulangeries constituent un cas particulier avec des coefficients variant de 70 à 130% du CA HT, fortement influencés par la qualité de l'achalandage et la présence d'une fabrication artisanale. Le commerce de détail présente une fourchette plus large, de 30 à 100% du CA, dépendant essentiellement de la spécialisation et de la clientèle fidélisée. Les débits de tabac-presse avec tabletterie se valorisent selon le barème Francis Lefebvre 2023 entre 80 et 160% du CA TTC annuel, cette large amplitude s'expliquant par la diversité des emplacements et des activités annexes.

Conseil : Pour vendre un commerce dans les meilleures conditions, il est essentiel de documenter précisément l'évolution du chiffre d'affaires sur les trois dernières années et de justifier tout écart significatif. Les acquéreurs et leurs banquiers analysent systématiquement les tendances pour détecter un éventuel déclin d'activité qui justifierait une décote supplémentaire. Un fonds en déclin avéré subira automatiquement une réduction de 20% des coefficients standards d'évaluation.

L'impact déterminant de la localisation géographique

La situation géographique influence drastiquement les coefficients d'évaluation. À Paris et dans les grandes métropoles, une majoration de 20 à 30% s'applique systématiquement par rapport aux moyennes nationales. Un salon de coiffure parisien se valorise ainsi à 80% de son CA contre 60% en province, cette différence s'expliquant par une clientèle plus aisée et des barrières à l'entrée plus élevées.

L'emplacement commercial constitue un facteur correctif majeur. Un commerce en numéro 1, bénéficiant d'une visibilité maximale et d'un flux piétonnier important, justifie une valorisation supérieure de 15 à 25% par rapport à un fonds identique situé en seconde position. La durée restante du bail commercial impacte également la valorisation : un bail de plus de 6 ans augmente mécaniquement la valeur du fonds de 10 à 25%. Cette approche trouve d'ailleurs son fondement juridique dans l'article L.145-14 du Code de commerce, référence légale en matière d'évaluation dans les contentieux d'éviction commerciale.

Stratégie d'évaluation optimale : l'art de combiner les approches

La méthode comparative constitue une approche complémentaire indispensable pour valider les résultats obtenus. L'analyse des transactions récentes publiées au BODACC permet d'établir des références de marché fiables. Les barèmes officiels, notamment ceux publiés par Francis Lefebvre, offrent des grilles sectorielles actualisées annuellement qui servent de base de travail aux professionnels.

Pour maximiser la précision de l'évaluation, la combinaison des méthodes s'impose. Une moyenne pondérée accordant 70% de poids à l'EBE retraité et 30% au CA constitue l'approche recommandée pour les fonds matures. Cette méthodologie permet de tempérer les biais inhérents à chaque méthode isolée et d'obtenir une fourchette de valorisation réaliste.

  • Pour une première estimation rapide : utiliser la méthode du CA avec les barèmes sectoriels appropriés
  • Pour une négociation bancaire : privilégier l'EBE retraité avec documentation complète des ajustements
  • Pour les secteurs réglementés : appliquer systématiquement les coefficients EBE élevés (5 à 7)
  • Pour les fonds en croissance : baser l'évaluation sur les projections avec une décote de 10 à 20%


Les outils digitaux au service de la précision

Les simulateurs professionnels comme JEDataviz permettent désormais d'affiner les coefficients selon la géolocalisation précise du fonds (l'accès à ce simulateur étant toutefois réservé aux experts-comptables, limitant son utilisation directe par les particuliers). Ces outils intègrent les données de marché actualisées et proposent des ajustements automatiques selon les caractéristiques spécifiques de chaque dossier. La méthode patrimoniale peut également être mobilisée en complément pour les fonds disposant d'actifs corporels significatifs.

L'analyse du rendement attendu par rapport à l'investissement initial constitue le test ultime de cohérence. Un fonds correctement évalué doit permettre à son acquéreur de dégager une rentabilité nette comprise entre 15 et 25% après déduction de sa rémunération normale. Cette approche par l'actualisation des flux futurs permet de valider ou d'ajuster les résultats obtenus par les méthodes traditionnelles.

Face à la complexité de l'évaluation d'un fonds de commerce et aux enjeux financiers considérables, l'accompagnement par un professionnel expérimenté s'avère indispensable. L'Agence Commerciale BORDEYNE MARCHAND MARTINOT (B2M) met à votre service plus de six décennies d'expertise dans la négociation et la transaction de fonds de commerce à Lille et sa région. Notre équipe maîtrise parfaitement les subtilités de chaque méthode d'évaluation et saura adapter l'approche aux spécificités de votre dossier, qu'il s'agisse d'un café, d'un restaurant, d'un tabac-presse ou de tout autre commerce. Contactez-nous pour bénéficier d'une évaluation précise et argumentée qui optimisera vos chances de réussite dans votre projet de cession ou d'acquisition.